Bienvenue en Irlande,
la terre d’émeraude
Probablement le plus beau voyage que j’ai pu effectuer.
Pourtant géographiquement si proche de notre pays pourtant éthiquement si
éloigné de notre population !
Un peuple qui exalte son hospitalité pour mieux apaiser la
douleur encore vive que l’Angleterre a laissé sur cette terre. Dans certain pub
de campagne il n’est d’ailleurs pas rare de voir encore les anciens se lever à
tour de rôle pour chanter en cœur les souffrances de leur Histoire. Irlandais
comme étrangers tout le monde se lève, main sur le cœur, à la moindre note de
l’Hymne nationale. La bas plus que n’ importe où ailleurs on respecte son pays
et c’est là où le visiteur commence son parcours initiatique. L’Irlande ce pays
patriotique et conservateur nous apprend à vivre…
Une Pierre ébréchée
ou une histoire douloureuse
Il faut croire que de tous temps les peuples convoitaient ce
bijou. Au VII° siècle avant J.C., les celtes se part de l’île avant que
celle-ci ne passe au cou du christianisme. Le si célèbre Patrick (qui donna son
nom à la fête nationale de la St Patrick) y pose le pied aux alentours de 430 son
objectif ? Convaincre les druides de se convertir au christianisme et il a
un argument inébranlable, la trinité pousse d’elle-même sur le sol sous la
forme de trèfle. C’est donc naturellement que l’Irlande se convertie.
Au fil du temps la population augmente ce qui incite les
vikings à envahir le pays, la désorganisation du peuple divisé en 150 peuplades
facilite le siège à Dublin, Cork, Limerick… Il faudra attendre le moyen-âge
pour que le roi Mael Sechnaill ne renvoie hors de chez eux les nordiques.
Petite aparté : cette bataille porte le nom de la plus célèbre propriété Irlandaise
du cinéma d’Hollywood, Tara ou la terre que Scarlett O’hara ne cesse de
défendre contre les Yanki’s, car comme le lui dit son père « La terre
c’est la seule chose qui compte lorsque l’on est Irlandais, elle nécessite
qu’on se batte pour elle ! » Des propos à ne pas prendre à la légère
car tout au long de son Histoire jamais l’Irlande ne courbera l’échine face à
l’envahisseur.
Au moyen-âge le pouvoir s’organise il n’y a plus que deux
rois, Mael et Brian Boru, hélas il n’y a qu’une place de roi suprême, Brian
Boru gagne le trône pacifiquement et à sa mort fait succéder son ancien rival. Un
classique faire plaît à l’Irlandaise (sic).
Le nouveau joyau de
la couronne anglaise
Au XIV° siècle le roi Henri II s’inquiète de la montée du
peuple normand en Irlande et décide de
nommer son fils John seigneur d’Irlande, sans grand résultat puisqu’il n’arrive
pas à appliquer la loi anglaise. L’Angleterre instaure alors la loi Poynings
afin de soumettre totalement le parlement irlandais à l’autorité anglaise. En 1541
le roi Henri VIII s’octroie le titre de roi d’Irlande dans ces mesures il
prévoit de confisquer les terres aux irlandais et d’instaurer l’anglicanisme. Mais
le patriotisme et la solidarité irlandaise donnent peu de résultat aux anglais.
La population commence par s’agacer par le comportement des anglais… En 1595 Le
duc Hugh O’Neill s’allie aux chefs des villages et lancent une révolte contre
l’oppresseur. Apres quelques victoires il est défait par les troupes
d’Elisabeth I. Cette guerre de neuf ans provoquera la fuite des comtes gaéliques.
Abandonné par leur autorité la population suit l’exemple et en 1630 s’enfuit dans
les caraïbes, sur l’ile de la Barbade restée irlandaise.
Mais il reste des contestataires dans le pays, en 1640 la première
révolution anglaise éclate Cromwell envoies ses hommes et matent la rebellions.
Entre le tiers et la moitié de la population irlandaise sera décimé et le reste
des terres redistribué aux colons anglais.
C’est au XVe siècle que les Irlandais prennent en main leur
indépendance. Les britanniques suppriment tout, même le droit de leur existence,
ce qui les poussent à se réunir autour d’une société secrète, laquelle prône
l’expulsion des étrangers. Ces « patriotes irlandais » enragés par
les persécutions de leurs frères et nourrit de liberté par la récente indépendance
de l’Amérique comme par la révolution française prépare une insurrection
général, avec l’aide de la France il déclare
la guerre à l’Angleterre, le 23 mai 1798. Elle sera écrasée car désorganisé. Ils
perdent la bataille mais pas la guerre puisque quelques mois plus tard il l’emporte
face à 6000 anglais grâce à l’aide française. La répression anglo-saxonne est
terrible, désormais avec l’acte d’union l’Irlande est rayé elle devient
l’Angleterre.
Le XIX° siècle une Emeraude
qui sonne creuse
Le XIXème siecle est marqué par la « Grande Famine »,
la moitié de la population irlandaise est décimée. Les nationalistes vous assureront
de la responsabilité des anglais dans cette affaire. Le fait est que le
mouvement d’indépendance reprend ses forces et finissent par obtenir des terres
pour les irlandais. En 1916 le mouvement créé l’insurrection de Dublin, même si
elle est écrasé en une semaine le groupe devient une légende. Le parti remporte
les élections et constitue un parlement irlandais qui proclame l’indépendance
de l’île. Hélas l’Angleterre dissout le parlement ce geste provoque en 1919 une
guerre d’indépendance. Les Anglais proposent alors un compromis, le traité de
Londres. Ainsi l’Irlande devient partiellement indépendante mais elle est
privée des territoires les plus développés engendrant ainsi une guerre civile,
laquelle ne permettra pas de récupérer le nord du pays.
L’Irlande devient la république indépendante que nous
connaissons le 18 avril 1948. Ce sont probablement toutes ces luttes et ces
vies qui ont apporté la valeur à cette île fertile et qui lui a valu son nom d’émeraude.
Des gens en or,
toujours joyau de vivre.
Ce qui vous marquera le plus sera l’hospitalité de la population
toujours souriante pleine de vie et d’humanité, l’on sent en elle le reflex de
solidarité. D’ailleurs on le constate dans les vieux pubs de campagne où il
n’est pas rare de voir les hommes chanter les maux de leurs pays. Et si cela prête
à rire chez nous, le geste est si fort là-bas que tout le pub se lève pour
chanter la main sur le cœur la lamentation. Il faut savoir qu’un pub n’est pas
cet endroit vulgaire dans lequel on boit des bières jusqu’à en vomir. Un pub
est un lieu de rencontre. On y rejoint autant des amis que des voisins, on y célèbre
autant des anniversaires que des baptêmes ou des mariages. Choses que nous ne
verrions jamais en France « Pub it’s like a church ».
Conscient de leur patrimoine et fière de leur sang, les
irlandais restent le seul peuple que j’ai rencontré en parfaite fusion avec
leur terre. La communion est si puissante qu’aucun d’entre eux n’hésitera à
verser leur sang pour sauvegarder leur patrimoine, car comme le dit le père de
Scarlette O’hara dans Autant en Emporte le Vent « Il n’y a que la terre
qui compte lorsque l’on est irlandais. »
Autant en Emporte le vent 1939 "la terre c'est la seule chose qui compte (...)" |
Bilan :
Un havre de paix à l’herbe grasse et à l’air iodé chargé de
spiritualité et où l’on peut librement rêver de ce qui fait la richesse du lieu :
des elfes se baignant sous les petites cascades de Garrestown, entourés de Léprechauns,
du bateau pirate d’Anne Bonny flottant au large à peine perceptible des
falaises de la péninsule de Cork, de Franky arpentant les rues de Limerick afin
d’honorer Les Cendres d’Angela. Si le paradis existe une partie s’est forcément
détachée des cieux pour former l’île « island » d’Irlande
« Irland ».